Well, je... je sais pas trop pourquoi j'écris ça. Peut-être tout simplement parce que j'ai envie de me confier. Ce que vous allez lire est un récit de ma vie. Je vais essayer d'être le plus bref possible.
Supprimez si ça n'a pas sa place ici. ;-;
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Je suis né le 5 Juillet 1999, sous le nom de Marine. Sous l'identité, le genre, le nom, d'une fille. Mes parents voulaient un prénom sonnant français et rappelant l'air marin. Personnellement, je n'ai jamais vraiment aimé mon prénom, mais soit, ce n'est pas le plus important.
J'ai rapidement été perçu comme un enfant timide. Cela s'est vérifié lorsque je suis entré en Maternelle. Je détestais jouer avec les autres et restais toujours collé à mes instituteurs. On avait beau me dire d'aller vers les autres, de me faire des amis, je n'y parvenais pas. J'étais comme bloqué.
Cependant, j'ai réussi à me faire UNE amie. Crystal. Nous avons fait les 400 coups ensembles, faisant par exemple croire à un de nos camarade que s'il avait soif, il pouvait manger du sable pour atténuer sa soif. Le pire, c'est qu'il nous a cru et s'est exécuté. Je vous dis pas le savon que notre instit' nous avait passé.
Bref, Crystal était ma seule amie. Malheureusement, nous nous sommes perdus de vu lors de la dernière année de Maternelle. Elle me manque encore beaucoup aujourd'hui. Je me demande si elle pense encore à moi parfois. Si elle se demande ce que je suis devenu.
Ce n'est qu'en Primaire que j'ai eu un énorme groupe d'amis. Dès mon entrée au CP, je me suis imposé comme le chef du groupe. Je me sentais bien lorsque j'étais au commandement des choses, lorsque les autres m'écoutaient. Malheureusement, on me reprochait souvent de me montrer trop dur, et je me prenais des remarques acerbes. Si bien qu'une fois j'ai décidé de tout plaquer : après un énième reproche, j'ai fondu en larmes et me suis enfui de l'école. Oui, je me suis vraiment enfui. Bon j'ai pas été loin, genre j'suis resté sur le parking de l'école quoi... mdrr.
Lorsque je suis entré au Collège, c'est là que les choses ont, comment pourrais-je dire cela... basculé ? J'ai commencé à développer un sentiment de mal-être. Je me sentais trop maladroit, trop pataud, trop nul, trop tout. J'ai alors, pour une raison que j'ignorais, commencé à me faire du mal. Physiquement. La première fois que j'ai fait ça, c'était en cours d'Histoire-Géo. Je me suis gratté le dessus de la main jusqu'à ce que ça saigne. Et j'ai ensuite menti à mes parents en leur disant que j'étais tombé.
Et puis, j'ai continué à me faire ce genre de blessures. De plus en plus souvent. Et les mensonges à mes parents continuaient.
C'est en 5ème que j'ai rencontré Elsa, ma meilleure amie. Elle est rapidement devenue une sorte d'ange-gardien pour moi. Elle me protégeait tant bien que mal de ceux qui me voulaient du mal. Elle sortait les griffes, si l'on puis dire, pour me protéger. Et moi je ne disais rien. J'avais perdu toute cette confiance que j'avais acquis durant la Primaire. Je me suis retrouvé telle une bête coincée, entourée par des prédateurs. Je me roulais en boule et ne disais plus rien. Je me contentais de baisser la tête et d'encaisser les remarques blessantes, les insultes, les moqueries, et même parfois les coups. Et Elsa n'était malheureusement pas toujours là pour me protéger.
Mon mal-être n'a cessé de croître, si bien que j'ai alors commencé à me mutiler quotidiennement et à cesser de m'alimenter. Je ne dormais plu, ne mangeais plus, ne prenais plus soin de moi. Je cachais mes bras par des bandages, des bracelets épais, ou des manches longues lorsque les températures le permettaient. J'ai également mainte et mainte fois SUPPLIÉ ma mère de m'emmener voir un psychologue. Elle a toujours refusé, pensant que ce n'était qu'une passade.
Et moi, je continuais à dégringoler, à sombrer.
Lors de mon entrée au Lycée, je me suis vu séparé de tous mes repères. Absolument tous. Ma meilleure amie allait dans un Lycée à l'autre bout de la ville, et moi je me retrouvais dans une classe où je ne connaissais personne.
Etant de nature très timide, on a rapidement commencé à se moquer de moi, me disant que je ne souriais jamais, que j'avais une tête d'enterrement, que je faisais peur, que je faisais pitié et que personne n'oserait jamais m'approcher. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours l'impression que quoi que je fasse, je suis toujours celui qui ne fait jamais rien comme il faut. La catastrophe de la classe. Celui qu'on prend pour le bouc émissaire, celui qu'on frappe et insulte sans réelles raisons.
Et puis, à côté... il y avait ce garçon. Cet homme plutôt. J'avais 13 ans quand je l'ai rencontré, il en avait 18. Malgré notre différence d'âge qui pouvait choquer, nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre très rapidement. C'était l'amour fou. Je n'avais jamais été autant amoureux de toute ma vie. Je n'imaginais plus mon existence sans lui à mes côtés. Il me comprenait sur tout, absolument tout. Nous partagions les mêmes passions, les mêmes centres d’intérêt.
Et puis, j'ai commencé à m'éloigner. Parce que j'étais mal, terriblement mal dans ma peau. Il en a souffert. Il a été blessé. Il m'a reproché d'être devenu distant. Froid. J'ai mal réagi. Nous nous sommes violemment disputer, et il m'a dit qu'il en avait marre de parler à un mur. Et puis, il m'a tourné le dos. Sans même avoir eu le temps de tout lui expliquer, c'était fini. Après plus de 2 ans de relation, le rêve prenait fin. Tout avait basculé du jour au lendemain. Comme ça, paf.
Je crois que c'est vraiment à ce moment-là que j'ai sombré. Lors de notre rupture, j'étais au Lycée. J'ai fait un malaise en cours de mathématiques tant je souffrais psychologiquement. J'avais l'impression que j'allais vomir mes tripes. J'avais la gorge serrée, l'estomac retourné, le ventre noué. Je n'arrivais pas à pleurer. Je voulais hurler mais n'y parvenais pas. Il était tout pour moi. En 2 ans de relation, il avait été tout ce que j'avais eu de plus cher. C'était dans ses yeux que je grandissais. Et il a tout lâché, du jour au lendemain.
Ce n'est qu'avec le recul que j'ai compris qu'il m'avait en quelque sorte manipulé. Bref, je ne vais pas m'attarder sur le sujet.
Cette rupture m'a anéanti. Clairement. Je suis tombé plus bas que terre. Plus jeune, je m'étais pourtant promis de ne jamais, JAMAIS, pleurer à cause d'un garçon. Mais lui... lui c'était différent. Pourquoi diable avais-je l'impression qu'avec lui, tout avait été si différent ?
Les mois ont passé, une plaie toujours béante au coeur. N'en pouvant plus, en Mars 2015, 4 mois après ma rupture, j'ai fait une première tentative de suicide. Je me suis foiré. A peine 24h après, j'en ai refait une deuxième. Encore raté.
Ma mère a alors appelé les urgences psychiatriques qui m'ont accueilli pendant près de 72h, avant de me permettre de rentrer chez moi. Ma mère m'a alors enfin pris au sérieux et j'ai été reçu en urgence par un psychologue. Malheureusement, le courant n'est clairement pas passé. Il m'énervait plus qu'autre chose, parlait de choses que je ne comprenais pas. Je me suis alors tourné vers un psychiatre, qui lui, m'a rapidement mis en confiance. Je suis toujours suivi par lui aujourd'hui.
On m'a mis sous anti-dépresseurs, mais rien ne s'arrangeait. Les mois passaient, et je sombrais de plus en plus. J'ai développé des TCA, j'enchaînais les insomnies. Je ne dormais plus, ne mangeais plus, ne me lavais plus. Je restais enfermé dans ma chambre toute la journée, le regard vide, le coeur blessé, les bras couturés de cicatrices. Je n'allais également plus en cours, ayant développé une atroce phobie scolaire. J'ai été déscolarisé pendant plusieurs mois. Personne ne comprenait pourquoi j'étais dans cet état.
Au bout de semaines et semaines sans avoir mis un pied au Lycée, j'ai été hospitalisé d'urgence en hôpital psychiatrique. Les 15 jours les plus affreux de ma vie. Cela ne m'a pas aidé du tout. Ça m'a détruit encore plus.
J'ai finalement, après près de 5 de mois déscolarisation, remis les pieds dans mon Lycée. Je n'y allais que 3h par semaine, mais c'était déjà trop pour moi. A chaque fois, j'avais l'impression que j'allais mourir sur place, que j'allais m'effondrer, me noyer dans la panique, la peur et la douleur.
J'ai été obligé de redoubler ma 1ère. Cette seconde année de 1ère, je l'ai faite au CNED (cours à distance) + cours à domicile.
Lors de ma rentrée de Terminale, j'étais prêt à prendre un nouveau départ. Mais au bout d'une journée, une seule, passée au Lycée, je me suis effondré et ai replongé à nouveau. Rebelote : cours à domicile.
Entre-temps, nous avions découvert, grâce à des tests de QI, que j'étais ce que l'on appelle un "zèbre". Un surdoué si vous préférez. Je ne m'en vante pas, tout simplement parce que je ne suis pas plus intelligent que vous. J'ai juste une intelligence différente. Ma précocité expliquait pas mal de choses : pourquoi je me sentais si à l'écart, comme un poisson hors de son bocal. Mais ça n'a résolu aucun problème. Je suis précoce, oui, et alors ? Ça ne change rien aux problèmes.
Durant l'année de Terminale, j'ai découvert une nouvelle facette de moi-même. Une facette qui était restée cachée trop longtemps : la transidentité. J'ai compris que j'étais en fait un homme. Je me suis alors coupé les cheveux du jour au lendemain, me suis acheté des fringues masculines, ai piqué le parfum de mon père.
Lors de mon coming-out à mes parents, cela s'est extrêmement mal passé. Je me suis pris des remarques transphobes dans la figure, ils avaient même menacé de me mettre à la porte. Ce conflit m'a fait retomber dans une période suicidaire, et je me souviens avoir pensé à fuguer, à partir loin et à ne jamais revenir. J'avais même commencé à rassembler de l'argent pour ça.
Mais heureusement, les tensions se sont apaisées. Mes parents, et surtout ma mère, a compris que ce n'était pas une phase. Que j'étais réellement un homme piégé dans le corps d'une femme.
En Octobre 2017, je me suis fait tatouer un loup sur le bras droit. Ce tatouage a une énorme signification pour moi. Mais il en a aussi une autre, plus petite : mon ex et moi étions fan de loups, nous en parlions tout le temps. Me faire tatouer un loup est... je sais pas, un petit signe qui montre que je me rappelle de lui. Je sais, c'est con. Mais bon, la plus grande signification n'est pas celle-là, alors...
Bref, j'ai donc fait mon année de Terminale au CNED. Et puis c'est en Juin 2018, cette année quoi, que j'aurais du passer mon BAC, comme tout le monde. Or, je ne l'ai pas passé. Parce que je m'en sentais incapable. J'avais recommencé mes crises de panique incontrôlables, j'avais pensé à me suicider pour échapper au BAC. Je ne l'ai donc pas passé. Mon psy m'a fait un mot expliquant mon état de santé mentale, que j'ai envoyé à l'Académie pour leur expliquer mon incapacité à me présenter aux épreuves.
Soit. Je le passerai donc en Septembre.
Pour mon anniversaire, j'ai eu un appareil photo. Un tout neuf, tout propre. Je me suis alors trouvé une véritable passion pour la photographie. Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais vraiment, la photo me fait m'évader, me permet de respire, de tout oublier, d'être euphorique et heureux. Pour être honnête, j'ai bien un rêve désormais : devenir photographe professionnel. Mais ma mère n'a fait que me rabaisser, me disant que cette passion me sera passée dans 6 mois, que je ne serai jamais assez bon pour percer dans le milieu. Merci Maman pour le soutien.
Bref, revenons au BAC. Je m'étais promis que je bosserais à fond pendant les vacances d'été, pour être sûr de l'avoir en Septembre. Sauf que voilà, nous sommes fin Août, et j'ai compris que je ne passerai toujours pas le BAC. Rien que d'ouvrir un cahier me donne envie de vomir. Ce n'est pas de la paresse, soyons clairs là-dessus : c'est quelque chose de plus profond. Le programme ne m'intéresse pas, je ne retiens rien, je n'arrive pas à m'y mettre. Ma tête menace d'exploser à chaque phrase, mon coeur s'emballe, je fais des crises de panique dès que je me retrouve confronté de près ou de loin au Lycée.
Nouvelle guerre avec mes parents. Ils m'ont reproché de leur pourrir la vie avec mes problèmes, que je ne faisais aucun effort, que ce n'était plus vivable, que je n'étais qu'un cassoss qui vivrait plus tard des allocations. Ils m'ont dit que j'étais paresseux, que je n'assumais rien, que je ne méritais pas tous les efforts qu'ils avaient fait pour moi.
Au fond, peut-être ont-ils raison... ?
Aujourd'hui, 29 Août 2018, je suis perdu. J'ai envie de disparaitre. Je me sens comme la 5ème roue du carrosse, comme quelque chose, quelqu'un, d'inutile et sans intérêt. Le pire dans tout ça, c'est que c'est que j'aurais aimé qu'une personne soit là pour me soutenir. UNE SEULE. Cet homme de 20 ans, qui en a maintenant 24. Je suppose qu'il a refait sa vie, et c'est mieux ainsi, eh. Mais je n'arrive pas à l'oublier. Ça fera 4 ans en Novembre. Mais je n'y arrive pas. Il est coincé dans un coin de ma tête et je n'arrive pas à l'y enlever. Je n'ai jamais vraiment réussi à recréer une réelle relation avec quelqu'un. Je crois que s'il revenait vers moi aujourd'hui, je foncerai dans ses bras sans hésiter. Il m'a trahi, lâché, abandonné, mais je l'aime toujours. C'est débile. JE suis débile. Mais c'est comme ça.
Aujourd'hui, 29 Août 2018, j'ai envie de mourir. Je suis vraiment désolé de le dire, mais c'est la vérité. Je n'entrevois plus d'avenir, plus de lumière, plus d'espoir. Je suis retombé dans mes mauvaises habitudes : alcool, médicaments, AM. Je ne dis pas ça pour attiser votre compassion ou votre pitié. Pour être honnête, je n'en veux pas. Je dis simplement ce qui est vrai.
Aujourd'hui, 29 Août 2018, j'ai 19 ans et je m'excuse d'exister.
Ma mère m'a elle-même dit que je lui pourrissais la vie.
Désolé Maman. Désolé d'exister.
Désolé de ne pas être le fils que tu aurais voulu avoir.
Désolé de te faire du mal chaque jour.
Désolé de te décevoir.
Je suis tellement désolé.
Désolé.
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Voilààà, j'ai terminé, pfiou. Si j'ai posté ça, c'est pour me confier, pour que vous me connaissiez un peu mieux. Je ressentais le besoin d'écrire tout ça. J'ai conscience que je déballe ma vie sur Internet, mais je ne pense pas qu'il y ait de honte à parler de tout ça.
Libre à vous de commenter ou non.
Bonne journée.